Syndicat CGT des personnels ville de Privas et CAPCA

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Âge pivot : Laurent Berger rame pour défendre son compromis sur les retraites "Titre Marianne" article Marianne

Invité sur France Inter, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger s'est employé à défendre les concessions obtenues par son syndicat sur la réforme des retraites ce lundi 27 janvier. Jusqu'à enchaîner les imprécisions pour mettre en valeur le retrait provisoire de l'âge pivot dès 2027, accordé par Edouard Philippe.
 

Un service après-vente laborieux. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a défendu le compromis conclu avec le gouvernement sur la réforme des retraites, ce lundi 27 janvier sur France Inter. Le 11 janvier dernier, Edouard Philippe avait annoncé dans un courrier envoyé aux syndicats le retrait du projet de loi de l'âge pivot à 64 ans dès 2027.

 

Cette mesure devait affecter d'un malus de 5% par an les pensions des retraités qui partiraient avant cet âge : dans le cas d'un départ à 62 ans, la retraite aurait par exemple été réduite de 10%. "Une victoire pour la CFDT", avait alors réagi Laurent Berger sur Twitter. "Les gens allaient devoir travailler plus longtemps avec cet âge pivot. Ceux qui auraient pu partir à 62 ans auraient dû repousser leur départ à 64 ans", appuie le secrétaire général de la CFDT sur la radio publique.

Mais la conquête du syndicat réformiste est en réalité beaucoup plus maigre que ce que laisse entendre son patron.

 

Déjà, car le retrait de l'âge pivot dès 2027 n'est que provisoire : il pourrait revenir après la "conférence de financement" rassemblant syndicats et patronat. Dans le cadre de cette concertation, les partenaires sociaux devront proposer d'ici fin avril prochain des mesures permettant d'atteindre l'équilibre financier du système de retraites en 2027.

 

Soit 12 milliards d'euros à trouver, selon les estimations du gouvernement révélées par Les Echos. Edouard Philippe prévenait déjà dans son courrier du 11 janvier : en l'absence d'accord, il "[prendra ses] responsabilités".

 

"Je pense toujours que l'âge pivot est la meilleure façon de garantir le retour à l'équilibre du système actuel", a ajouté le Premier ministre le lendemain sur France 2.

Laurent Berger reconnaît d'ailleurs à demi-mots un possible retour de la mesure dès 2027, en indiquant qu'elle est écartée "pour l'instant".

Surtout, le principe de l'âge pivot reste inchangé dans le futur système universel.

 Le projet de loi prévoit bien un "âge du taux plein" avec décote et surcote, qui sera mis en place en 2037.

Le vocabulaire employé par Laurent Berger pourrait laisser penser qu'il s'agit d'une mesure différente : il parle d'âge "d'équilibre" pour évoquer son application en 2037, n'utilisant le terme "pivot" qu'au sujet de sa mise entre parenthèse d'ici 2027.

"Si on ne s'était pas arc-bouté sur l'âge pivot, on partirait plus tard dès 2022. (...) Par contre, il y a la question de 2037 avec ce fameux âge d'équilibre", argumente par exemple le chef de la CFDT. Rien ne justifie pourtant cette différence de mots, puisqu'il s'agit bel et bien du même mécanisme.

Dans son étude d'impact, le gouvernement table d'ailleurs sur un âge pivot à 65 ans en 2037, soit un an de plus que son niveau initialement prévu pour 2027. Sur ce point, Laurent Berger se veut rassurant : "l'âge d'équilibre sera fixé par la gouvernance dans le futur régime", assure-t-il. C'est-à-dire par les syndicats et le patronat, qui siégeront au conseil d'administration de la future Caisse de retraite universelle.

Problème : ce n'est pas ce que prévoit le projet de loi. Le texte indique que l'âge pivot sera fixé "avant le 31 août 2021" par "un décret", c'est-à-dire par le gouvernement. La gouvernance n'aura qu'un rôle consultatif : "Le conseil d’administration de la Caisse nationale de retraite universelle émet (...) des propositions pour la fixation de l’âge d’équilibre", indique le texte. Ces suggestions seront transmises à l'exécutif, qui sera libre de les retenir ou pas.

Il en sera de même pour l'évolution de l'âge pivot, qui doit augmenter au fil des générations. Par défaut, il progressera "à hauteur des deux tiers de l’évolution des prévisions d’espérance de vie à la retraite". La gouvernance aura bien la possibilité d'adopter une variation différente, mais le gouvernement pourra passer outre : "Un décret approuve cette délibération ou énonce les motifs pour lesquelles elle ne peut être approuvée", précise le projet de loi. La même chose vaut pour le montant de la décote, qui sera elle aussi "fixée par décret" et s'établit à 5% par an dans l'étude d'impact.



28/01/2020
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